En 1935, une poignée d’étudiants de la Sorbonne décide de marcher vers Chartres à la suite de Péguy. Deux étudiants portent l’initiative, Marie-Claude Pfenninger et Jean Aubonnet. L’année suivante, le pèlerinage étudiant est né : il dure trois jours et accueille une centaine de pèlerins.
Il continue à se développer et perdure malgré la guerre. Le Père A. Faidherbe, dominicain, donne au pèlerinage des années 40 un dynamisme et une structure qui vont lui permettre de devenir le grand moment de l’année pour les groupes d’étudiants catholiques. En 1945, il rassemble déjà 4 000 marcheurs !
De la Libération au milieu des années 1960, le pèlerinage étudiant connaît un succès massif et régulier : la cathédrale de Chartres devenant trop petite pour accueillir tous les pèlerins, on en vient à dédoubler la messe de clôture, puis le pèlerinage en entier. On compte jusqu’à 12 000 pèlerins. Un étudiant parisien sur quatre y participe – facultés et grandes écoles. Parallèlement, le pèlerinage conserve sa marque d’origine : porté par les jeunes, il est le lieu d’innovations liturgiques. Toujours, l’essentiel reste un apprentissage d’une foi ‘adulte’.
Avec le milieu des années 1960 s’ouvre une période de difficultés. Au sein des universités, les chrétiens ont un mal croissant à se faire une place ainsi qu’à se retrouver. Le pèlerinage entame une phase de déclin relatif.
Vers 1990, l’archevêque de Paris de l’époque, le Cardinal Lustiger (qui avait lui-même fait le pèlerinage quand il était étudiant en Sorbonne, et l’avait ensuite animé), charge deux aumôniers de relancer le pèlerinage. Avec les années 1990, la formule se renouvelle et l’ensemble de la » génération étudiante » de la région parisienne est invitée à y participer.
En 1996, la présence de la Croix des Journées Mondiales de la Jeunesse marque les participants.
En 2000, le pèlerinage constitue la première des trois étapes proposées aux jeunes d’Ile de France pour leur démarche jubilaire. Rassemblant désormais un nombre régulier de pèlerins compris entre 2500 et 3500, à la date des Rameaux, il reste le rendez-vous fédérateur des différentes communautés étudiantes chrétiennes.
La liste des thèmes choisis par les étudiants est significative de l’évolution des préoccupations des jeunes catholiques Français depuis 70 ans. Les thèmes doctrinaux ou catéchétiques ont laissé place à des interrogations sur le sens de l’existence où l’on insiste sur la réflexion personnelle.
À partir du milieu des années 1990, c’est une phrase de l’Écriture qui sert fréquemment de thème.
Quelques exemples :
1948 : Le mystère de la messe
1949 : La charité
1950 : La rédemption
1951 : L’Église
1952 : Le Notre Père
1968 : Qui est Jésus-Christ ?
1972 : Espérer, une folie ?
1973 : Risquer sa vie
1974 : Abattre les frontières
1975 : Jésus, homme libre. Et nous ?
1981 : Le risque du partage
1982 : Vivre : un appel à aimer<
1983 : Témoins d’une espérance
1984 : La vérité qui nous rend libre
1992 : Il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime
1996 : Si tu savais le don de Dieu…
1999 : Voyez comme il est grand l’amour dont le Père nous a comblé
2000 : Notre cœur n’était-il pas brûlant tandis qu’il nous parlait sur la route ?
2001 : Avance au large !